Coaching sportif
1 mars 2018L’épaule
3 mai 2018Article paru dans La Lettre de l’AMGe (Avril 2018 – N0 3)
Les débats actuels dans les travées des parlements fédéraux, et relayés dans la presse, sont d’une indigence consternante. D’un côté on se focalise sur quelques cas extrêmes de spécialistes âpres au gain, exceptions désastreuses et insultantes pour l’immense majorité des médecins, de base notamment. De l’autre côté le discours politique, y compris celui de M. Prix, qui continue à rêver d’une impossible baisse des coûts de la maladie (et non de la santé qui elle ne coûte rien), imaginant que de réduire le coût de quelques interventions ou les rendre obligatoirement ambulatoires va modifier la spirale infernale.
Le problème est structurel et sociétal et les mesures cosmétiques et démagogiques de M. Berset sur le dos des médecins n’y changeront rien.
Il est de 3 ordres:
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Le mode de financement
le transfert massif de l’hospitalier a l’ambulatoire a mis à l’unique charge des assurés des montants gigantesques jusqu’ici pris en charge a raison de 55% par l’impôt. Quelques voix essaient de relayer cette information fondamentale mais personne parmi les politiciens ne veut la prendre en compte.
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Le vieillissement de la population
poncif bien connu mais hélas bien réel et inéluctablement en augmentation constante. Et donc, actuellement éthiquement incontournables, de plus en plus de prothèses de tous ordres, d’intervention de ≪ débouchage ≫ des artères cardiaques (là c’est médicalement plus discutable vu les dernières études) et cérébrales, de chimiothérapies d’ultime chance, etc.
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L’opacité invraisemblable des caisses-maladies dans la gestion des milliards des primes
Que font-elles de leurs immenses réserves, qui leur restent acquises lorsque les assurés changent de caisse, ce que de manière irresponsable on les encourage de faire (400 CHF de frais de dossier par assuré qui change multiplié par 200000 assurés = 80 millions sans avoir soigné qui que ce soit). Leurs comptabilités sont opaques (assurance de base, assurance privée, publicité, sponsoring). Quel est le salaire des directeurs et des cadres des caisses (par rapport à ceux des médecins par exemple) ? Et que dire des montants versés aux dizaines de parlementaires, nommés dans les conseils d’administration des caisses, juste pour s’assurer de leurs votes.
Et pendant ces palabres stériles et interminables, personne ne réfléchit vraiment à un problème insoluble autrement qu’en commençant par en transférer une partie sur la charge fiscale, plus juste socialement que le système des primes actuelles qui fait que l’ouvrier non qualifié paie la même somme que M. Bertarelli. Et de pressurer les médecins (et les soignants) ne va faire qu’aggraver le problème. Les coûts vont continuer à augmenter comme partout dans le monde civilisé. Il faut s’attaquer aux coûts cachés et improductifs dans une bureaucratie étouffante et ramener, en en changeant le mode de financement, les primes à un niveau supportable pour la population. On pourra alors éviter ce que je constate jour après jour comme médecin de famille, le renoncement aux soins pour des raisons financières, d’où la réapparition de pathologies disparues, par diagnostic bien trop tardif. C’est une véritable bombe à retardement qui va provoquer de nouvelles augmentations de coûts car soigner comme je l’ai vu un abcès pulmonaire au lieu d’une ≪ simple ≫ bronchopneumonie n’a de loin pas les mêmes conséquences pas seulement pour le patient mais aussi pour la société. Que les responsables politiques, y compris M. Berset, voient enfin la réalité en face et s’attaquent en priorité au problème du mode de financement. Juste après viendra le temps d’imposer enfin la transparence aux caisses-maladies, d’alléger la bureaucratie des hôpitaux et aussi le temps de l’inéluctable remise en question du jusqu’au boutisme de la médecine hospitalière actuelle.
Dr Jean-Charles Estoppey
Médecine interne générale FMH
1096 Cully